Parcours d’une légende du cinéma : Alain Delon

Alain Delon est bien plus qu’un simple acteur ; il est une véritable légende, une icône dont le nom résonne avec force dans l’histoire du cinéma mondial. Son regard magnétique, son charisme animal et son jeu d’une rare intensité ont fait de lui le symbole d’un certain cinéma français, à la fois exigeant et populaire. Il a su incarner avec une justesse troublante des personnages complexes, souvent solitaires, élégants et tourmentés, qui ont contribué à construire son aura mystérieuse et fascinante. Son influence ne s’est jamais limitée au grand écran ; Delon est devenu un phénomène culturel, inspirant des générations d’artistes, de la mode à la littérature. Malgré une vie personnelle tumultueuse et des prises de position parfois controversées, il demeure une référence absolue pour tous les amoureux du septième art, un acteur dont la filmographie exceptionnelle continue de fasciner.

Né le 8 novembre 1935 à Sceaux, en région parisienne, Alain Delon a connu une enfance difficile. Issu d’un milieu modeste, avec un père directeur d’un petit cinéma de quartier et une mère préparatrice en pharmacie, il est profondément marqué par le divorce de ses parents à l’âge de quatre ans. Ballotté entre une famille d’accueil et le foyer de sa mère remariée, il développe un caractère rebelle. Son parcours scolaire est chaotique, jalonné de renvois pour indiscipline. À quinze ans, il quitte l’école et devient apprenti charcutier, un chemin qui semble bien éloigné des projecteurs. C’est en s’engageant dans la Marine nationale à dix-sept ans qu’il connaît un tournant majeur. Envoyé en Indochine comme fusilier marin, il vit une expérience qui le forgera à jamais. À son retour en France, il s’installe à Paris, déterminé à prendre son destin en main, sans savoir encore que le cinéma lui ouvrirait bientôt ses portes.

Sa carrière d’acteur débute presque par hasard. En 1957, alors qu’il accompagne des amis au Festival de Cannes, son physique exceptionnel est remarqué. Il signe rapidement un contrat et fait ses premiers pas devant la caméra dans “Quand la femme s’en mêle” d’Yves Allégret. Son talent naturel et sa présence crèvent l’écran. En 1958, le film “Christine” le propulse sur le devant de la scène. Il y donne la réplique à Romy Schneider, et leur alchimie est immédiate. Leur relation passionnée, à la ville comme à l’écran, fascine le public et les médias, faisant d’eux le couple glamour de l’époque. En quelques films, Delon devient l’un des jeunes acteurs les plus en vue du cinéma français.

Le début des années 1960 marque sa consécration internationale. Son rôle de Tom Ripley dans “Plein Soleil” (1960) de René Clément est une révélation. Il y campe un anti-héros séduisant et manipulateur avec une ambiguïté glaçante. Le film est un succès mondial. La même année, il confirme son immense talent dans “Rocco et ses frères” de l’illustre réalisateur italien Luchino Visconti. Cette collaboration marque le début d’une période faste où il enchaîne les chefs-d’œuvre. Il retrouvera Visconti pour “Le Guépard” (1963), fresque historique somptueuse récompensée par la Palme d’or à Cannes. Il travaille également avec Michelangelo Antonioni sur “L’Éclipse” (1962), explorant un cinéma plus intellectuel et introspectif.

Tenté par le rêve américain, il s’expatrie à Hollywood de 1964 à 1966. Cette période est moins marquante artistiquement, même si des films comme “Les Centurions” lui offrent une visibilité auprès du public américain. Delon se sent plus à l’aise dans le cinéma d’auteur européen, où les personnages ont plus de profondeur psychologique.

Son retour en France est triomphal. Il entame une collaboration décisive avec le réalisateur Jean-Pierre Melville, maître du film noir. Ensemble, ils créent des personnages iconiques de solitaires taiseux. “Le Samouraï” (1967) est le sommet de leur art. Delon y incarne Jef Costello, un tueur à gages dont la rigueur et la solitude deviennent légendaires. Le film, par son esthétique épurée et sa mise en scène au cordeau, influence encore aujourd’hui de nombreux cinéastes. Il continue sur sa lancée avec des succès populaires comme “La Piscine” (1968), où il reforme son duo mythique avec Romy Schneider, et “Borsalino” (1970), où son face-à-face avec Jean-Paul Belmondo fait des étincelles et pulvérise les records du box-office. Pour lire plus sur sa filmographie, de nombreuses ressources sont disponibles.

Dans les années 1970, Alain Delon prend une nouvelle dimension. Désireux de contrôler sa carrière, il fonde sa société de production, Adel Productions. Il produit et joue dans des films qui lui ressemblent, souvent des polars sombres et tendus. “Mort d’un pourri” (1977) ou “Monsieur Klein” (1976), réalisé par Joseph Losey, témoignent de son exigence artistique. Ce dernier film, drame poignant sur l’usurpation d’identité sous l’Occupation, est salué par la critique et reste l’une de ses plus grandes interprétations.

Les années 1980 et 1990 le voient explorer de nouvelles facettes de son talent. Il passe derrière la caméra pour réaliser “Pour la peau d’un flic” (1981) et “Le Battant” (1983), des polars efficaces qu’il interprète également. En 1984, il reçoit le César du meilleur acteur pour “Notre histoire” de Bertrand Blier, une récompense qui vient saluer sa capacité à se réinventer. Bien que ses apparitions au cinéma se fassent plus rares, chaque rôle est un événement.

Sa vie privée a souvent défrayé la chronique, de sa relation mythique avec Romy Schneider à ses mariages et liaisons, en passant par l’affaire Marković, un scandale politico-criminel dans lequel son nom fut cité en 1968, sans qu’il soit jamais inquiété par la justice. En dehors des plateaux, Delon a su construire une marque prospère, développant une gamme de produits de luxe sous son nom, qui a connu un immense succès commercial, particulièrement en Asie.

• César du meilleur acteur pour “Notre histoire” en 1984.
• Ours d’or d’honneur au Festival de Berlin en 1995.
• César d’honneur pour l’ensemble de sa carrière en 1995.
• Palme d’honneur au Festival de Cannes en 2019.

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Au tournant des années 2000, Alain Delon se retire progressivement du cinéma, choisissant ses projets avec parcimonie. On le voit dans la série télévisée “Fabio Montale” (2001) et dans le rôle de Jules César pour “Astérix aux Jeux olympiques” (2008), où il s’amuse de sa propre image. Sa dernière grande reconnaissance publique a lieu en 2019, lorsqu’il reçoit une Palme d’honneur au Festival de Cannes, saluant une carrière d’une richesse incomparable.

Alain Delon est décédé le 18 août 2024, à l’âge de 88 ans, à son domicile de Douchy-Montcorbon. Il souffrait d’un lymphome qui avait été diagnostiqué quelques années auparavant. Sa disparition a provoqué une vague d’émotion à travers le monde, témoignant de l’impact profond qu’il a eu sur le cinéma et sur le public. Son héritage est celui d’un acteur instinctif et exigeant, d’une icône de style et d’une personnalité complexe qui a su, par ses choix et ses interprétations, marquer à jamais l’histoire du septième art. Il reste et restera une figure incontournable du panthéon cinématographique.